Déjà utilisée il y a plus de 4.000 ans dans les "temples du sommeil" - sortes d’hôpitaux dédiés à la guérison de nombreuses maladies dans l’Égypte et la Grèce antique - l’hypnose est une pratique très ancienne. Objet, à ce jour, de plus de 15.000 études scientifiques, elle a fait ses preuves dans le traitement de la douleur, mais aussi du stress, des phobies ou encore des addictions… "Par la parole, le praticien en hypnose induit chez le patient un état de conscience particulier caractérisé par une indifférence à l’extérieur et une hyper suggestibilité. Cet état de conscience "hypnotique" peut être utilisé pour amplifier les ressources internes du patient de lutte contre l’anxiété et la douleur et faire disparaître des symptômes" conclut ainsi un rapport de l’Inserm*. Longtemps confondue avec l’hypnose de spectacle (le fameux "Dormez, je le veux !"…), l’hypnose séduit aussi aujourd’hui le grand public, grâce à une foule de livres, sites ou applications. Tout comme son dérivé, l’autohypnose, cette technique que l’on s’applique à soi-même et qui peut nous apporter de réels bienfaits.
Une pratique à la portée de toutes
"Ludique, peut-être plus proche de notre culture que la méditation, elle permet d’éviter les peurs traditionnellement rattachées à cette pratique : en autohypnose, on ne perd pas le contrôle, on apprend simplement à se laisser guider par son imagination", analyse l’hypnothérapeute Kevin Finel dans son nouvel ouvrage Explorez les capacités de votre cerveau avec l’autohypnose (éd. Leduc). Même si on ne l’a jamais expérimentée avec un professionnel, celle-ci est accessible à tous : à l’aide d’exercices simples, il s’agit de retrouver, sans même s’en rendre compte, un état de conscience modifié que nous traversons naturellement plusieurs fois par jour, dans ces moments de rêverie où nous sommes là tout en étant ailleurs. En induisant volontairement cette "transe", nous accédons ainsi à nos ressources profondes et souvent insoupçonnées. "Certains, plus hyperactifs ou peu à l’aise avec le lâcher-prise, vont avoir besoin d’un peu plus de temps que les autres, mais tout le monde peut faire l’expérience de l’autohypnose et en retirer rapidement des bénéfices, assure Kevin Finel. Seule 1 % de la population y serait vraiment réfractaire, en général en raison de troubles psychiatriques (paranoïa aiguë, traumatismes importants…)"
Un chemin tout tracé vers le sommeil
Si vous avez du mal à vous endormir, essayez par exemple l’exercice "Sommeil en approche" de Kevin Finel, une sorte de spirale sensorielle qui va vous aider à ressentir l'arrivée du sommeil dans votre corps. Concentrez-vous d’abord sur vos sensations, au besoin, souvenez-vous, pour cela, d’un soir où vous étiez très fatigué(e) : que ressentez-vous en premier lorsque vous êtes sur le point de vous assoupir (sensation de lourdeur, d’engourdissement…) ? À quel endroit du corps éprouvez-vous ces sensations ? Puis passez aux images : quelles sont celles qui vous viennent lorsque vous commencez à somnoler ? Quelles couleurs apparaissent ? Place ensuite aux sonorités : quels sons percevez-vous au moment de tomber dans les bras de Morphée ? Y a-t-il une musique, une voix, des sons naturels ? Vous pouvez ensuite recommencer cette spirale (sensations, images, sons…) aussi souvent que nécessaire… "Il s’agit d’un chemin vers le sommeil, conclut Kevin Finel. Plus vous pratiquerez ce petit rituel, plus il vous sera familier et vous fera basculer rapidement dans un monde onirique."
Une parade à la rumination
L’autohypnose peut aussi vous aider à transformer les jugements négatifs sur vous-mêmes. Pour se libérer de ces pensées automatiques, vous pouvez déjà apprendre à les repérer, puis les reformuler en jugeant non pas ce que vous êtes mais ce que vous faites : "Je suis ridicule" devient "Je ne maîtrise pas encore cela". Troisième astuce : "Tournez votre regard intérieur vers vous-mêmes et laissez ces pensées négatives apparaître. Répondez-leur ensuite comme si vous souhaitiez initier un dialogue avec cette partie de vous-mêmes" suggère Kevin Finel. Si vous pensez "Je ne suis pas à la hauteur", vous pouvez par exemple vous répondre "Pour m’améliorer, je vais m’entraîner à…". Progressivement, vous allez ainsi affaiblir vos anciens automatismes et rééduquer votre façon de penser à vous-mêmes. "Votre cerveau est une machine à apprendre et à accepter de nouvelles habitudes, conclut Kevin Finel. Faites-lui confiance ! "
L'autohypnose, c'est pour moi si :
Je veux modifier certains de mes comportements.
J’aimerais vaincre mes peurs et apprendre à lâcher prise.
J’ai parfois du mal à admettre que j’ai un inconscient : reconnaître cette part en vous-même est le premier pas pour pouvoir en faire quelque chose et être vraiment libre.
J’évite si :
Je ne suis pas motivée : le changement n’interviendra que si vous choisissez un exercice sur une thématique qui vous tient vraiment à cœur.
J’ai un véritable traumatisme à régler : l’autohypnose permet parfois de mettre à jour des fragilités plus importantes, qu’il peut alors être utile de travailler dans le cabinet d’un psy.
* Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose, 2015
Merci à Kevin Finel, praticien et formateur en hypnose, président de l’Arche (Académie de Recherche et de Connaissance en Hypnose Ericksonienne, arche-hypnose.com)
in Femme Actuelle, écrit par Ségolène Barbé, avec Kévin Finel, praticien et formateur en hypnose.
Publié le 19/11/2022
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